Des bonheurs en dedans, des bonheurs en dehors
Des sécheresses alimentaires démesurées
Des enfants aux regards inachevés
Des apostasies à la vie, des retraits épistolaires dans l’oubli
Des peuples laissés en tuerie à l’abandon
Une nature imprévisible outrancière sans pardon
La télévision allumée, le ventre désaltéré
Assis je reste à regarder ces séries séquentielles de ma désuétude
Le vent à l’extérieur siffle dans le ciel notre présence
Nos solitudes nos désirs avortés de tendre humanité
La lune est noire et angoissante comme l’épiphanie étourdissante du journal télé,
Comme la délinquance relationnelle immodérée devenue banale dans notre société
La lune reste noire et apaisante
Le petit reflet sombre et obscur de notre pauvre identité
Assis je reste là allongé anonyme et subtil commandeur
Placide et stupide commentateur de ma pauvre réalité
La nuit s’empare de moi dans son silence anesthésiant
Damballa et le fou du roi Hediala le boa sont là
Ils sont le vent mon compas mon empire une aubade dans mes délires
Une heliconia aux détours des sentiers dérobés
Un exil dans le royaume de mon empire
Le mystère des eaux dans ces rivières en nitrate
Le magma de mes égos dans mes humeurs disparates
J’appartiens au monde des aliénés
Je suis un singe ailé une équerre une tortue de mer aux sens désespérés
J’entends les aèdes persifler le retour des insomnies démoniaques
Des résistants de la race des sous terres
Des forcenés aguerris sortis des enfers
Mon ciel est bleu mais mon parterre est toujours noir de frères
L’obscurité incendiaire est ma lumière
Le sergent Arafat le représentant des sans terre
Robespierre l’homme au cœur de chair
Avec les rêves discursifs extravagants de Luther le King
Tous sont convoqués au festin dans nos nuits d’incantations
Tous nous nous insurgeons contre ces politiques d’incohérence
De ces Etats légitimés démocratiques et insensés
Tous nous dénonçons l’appétence de ces phallocrates de la finance
Leurs pédantismes religieux et leurs moralismes fallacieux
Je vous le dit « Ils paieront la dette de leurs iniquités »
Ces hommes sont coupables de crime d’inhumanité
A l’avenir sans destin
Mon corps est boueux mon regard est charnel et impétueux
La soirée est belle dans cet amas de folie
Mes délires sont généreux et le public est averti
Les danseuses sont somptueusement lascives belles prometteuses et en dérive
Sur cette aire de kora la musique est jolie
Tous nous élevons nos cœurs en fraternité
Je suis là, parmi eux, mes amis, psychotiques hermétiques et en furie
Tous nous ne nous soumettons pas à l’ordre injustement établi
Legba bat du tambour je suis un homme peul, un homme itinérant
Un homme de passage dispersé en échange métissé
Je danse la danse de l’amour avec Erzuli
Titubant dans la ronde de la ritournelle de la vie
Je sors mon sexe et doucement je ris
Tous nous urinons sur les représentants de la force ludique
Sur ces gens de tous les jours, magnifiques
Qui vivent dans leurs cannibalismes relationnels
Toujours à la recherche du sensationnel
Sur ces gens de tous les jours, magnifiques
Aux intentions menteuses et aux hypocrisies sociales honteuses
Je rejette sur eux leurs déchets qui ont empoisonnés mes nuits
Mes rumbas avec elle
Mes rumbas avec la plus belle
Mes rumbas avec celle à la beauté sacramentelle
Au sourire jouvencelle
Ma plus belle aux seins de miel que je baise sans cesse avec effervescence et délicatesse
Je défèque sur le freudisme bourgeois, leur trinité obscène
Sans liberté sans choix
Sur ces hommes obséquieux ces hommes du renouveau du changement de la rupture
De la continuité infraternelle avec leurs inégalités exponentielles
Je vous le dit « Ils paieront la dette de leurs iniquités »
Avec leurs chansons liquoreuses leurs discours sirupeux du beau mot, de la juste formule
Aux emphases prodigieusement odieuses
Ces abuseurs de positions dominantes
De sodomies avilissantes sur leurs plages boursières
D’orgies spéculatives aux relations orgasmiques
Rue du mur avec le CAC des quarante voleurs
Ma réalité est imaginaire mes hallucinations un paradis
Sous les cocotiers mon parapluie
Des bonheurs en dedans, des bonheurs en dehors
Des sécheresses alimentaires démesurées
Des enfants aux regards inachevés
Des apostasies à la vie, des retraits épistolaires dans l’oubli
Des peuples laissés en tuerie à l’abandon
Ma douce folie comme unique parangon
Thierry Aricique